Regards d'experts

GINO GRAMACCIA

 « La communication managériale a de beaux jours devant elle » 

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Gino Gramaccia est professeur en sciences de l'information et de la communication à l'Université de Bordeaux.

Cela n’aura échappé à personne, les entreprises évoluent de plus en plus vite. Et avec elles, les bonnes pratiques de la communication interne. Comment s’adresser à des salariés qui se sentent totalement déconnectés de leurs dirigeants ? Pour répondre à ces enjeux, des directions de la communication managériale voient le jour dans les entreprises. Explications de Gino Gramaccia, Professeur en sciences de l'information et de la communication à l'Université de Bordeaux.

Pourquoi la communication managériale est‑elle devenue indispensable ?

Gino Gramaccia : Pour comprendre son développement rapide ces dernières années, il faut se tourner non pas vers l’entreprise, mais vers son environnement. Dans le contexte incertain qui perdure depuis la crise économique de 2008, les prises de décision doivent être mieux justifiées auprès du public interne. Du côté de la direction, la conjoncture oblige à prendre des risques plus importants. Risques qui paraissent souvent inconsidérés du point de vue des salariés. Le manager est donc là pour expliquer les changements, et parfois gérer les échecs.


L’incertitude liée à la crise économique est‑elle la seule explication ?

G. G. : Non, elle peut être considérée comme l’élément déclencheur, mais des évolutions internes à l’entreprise ont encouragé l’essor de la communication managériale.

Par exemple, les sources d’informations se sont raréfiées encourageant les managers à s’exprimer davantage et à faire le lien entre communication descendante et communication ascendante. Prenons l’exemple des syndicats : moins présents au sein des entreprises, ils ne font plus toujours figure de référence. Sans parler des organigrammes flous et souvent poreux en raison de divers rachats, cessions ou fusions d’entreprises qui rendent la communication plus aléatoire.


Quels sont les outils adressés spécifiquement aux managers au sein des entreprises ?

G. G. : Réunions en comité restreint, newsletters spécifiques, formation à l’utilisation de Viadeo ou LinkedIn… L’information dédiée aux managers ne diffère pas tant par son support, mais plutôt par son contenu. La direction de l’entreprise communiquera plus facilement aux responsables les difficultés rencontrées, les chiffres macro économiques du marché ou même le compte‑rendu d’une veille concurrentielle.


Comment le manager utilise la communication éditoriale autour de lui ?

G. G. : Le journal interne peut paraître un peu « vieille école », mais il reste le meilleur outil. Son objectif : informer les salariés en leur soumettant les orientations de l’entreprise. Ainsi, les décisions paraissent moins imposées car expliquées. Il permet aussi de donner la parole aux salariés, via des témoignages ou des focus sur un service en particulier. Quant à la forme du journal, papier ou consultable sur l’intranet, l’important reste sa facilité d’accès par tous les salariés.


Pour aller plus loin


Quel a été l’impact du web 2.0 sur l’environnement de travail du « manager communicant » ?

G. G. : Au sein d’une entreprise, les technologies du numérique induisent non seulement des nouveaux usages (messages au format court, en temps réel…), mais aussi de nouvelle attentes (fédérer sa communauté, surveiller son e-réputation…) et de nouveaux métiers (le community manager). De plus, la circulation de l’information en temps réel implique plus de vigilance dans la communication managériale.