Regards d'experts

NICOLAS COUR

 « Les hyper-connectés restent attachés au papier » 

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Nicolas Cour est directeur général d'Audipresse

Le millésime 2013 de l’étude One sur l'audience globale des marques de presse annonce l’ère du multi‑reading. Décryptage avec Nicolas Cour, directeur général d'Audipresse.

Comment expliquer la hausse de l’audience numérique ?

Nicolas Cour : On assiste à une modification des usages liée à l’envolée des équipements mobiles. Si le volume des lectures numériques est en hausse, c’est bien du côté de la lecture sur mobiles et tablettes que l’on retrouve la plus forte progression. Plus de 44 % des Français* sont équipés d’un smartphone, ce qui représente près de 23 millions d’individus. Cette donnée a augmenté de 23 % en un an. Du côté des tablettes, la croissance est encore plus vertigineuse. Leur nombre a été multiplié par 2 en un an. Près de 12 millions de Français en possèdent une (23 % de la population).

C’est ce dynamisme dans l’équipement qui explique la forte hausse des lectures numériques.


Le boom des tablettes numériques


Existe-t-il une concurrence ou une complémentarité entre un même titre dans sa version papier et sa version digitale ?

N. C. : Une complémentarité bien sûr. On parle désormais de « multi‑reading », à savoir la lecture d’un titre aussi bien sur papier que sur tablette, ou même la consultation d’un PDF feuilletable ou du site internet correspondant. Bref, la lecture numérique n’empêche pas la lecture papier, et inversement. Pour preuve, 54 % des lecteurs de presse numérique lisent le même titre dans sa version papier.


On découvre dans l’étude One que les « hyper‑connectés » lisent plus la presse papier que les autres. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

N. C. : C'est vrai que les hyper‑connectés** lisent en moyenne 6,4 titres par mois, contre 6,1 pour l'ensemble des Français. En fait, c'est assez logique, car les hyper‑connectés ont une relation très forte à l’écrit. Ils restent attachés au papier en terme d’expérience de lecture, mais multiplient leurs accès à l’information, tant pour s’informer que pour se divertir.


Nombre moyen de titres lus


Comment expliquer les fortes différences d’audience numérique entre les titres ?

N. C. : Même si ce n’est pas mon rôle de prendre parti pour les marques de presse, il y a bien sûr une question d’antériorité. Celles qui se sont lancées tôt dans la déclinaison numérique de leur titre conservent leur avance. Au global, la qualité du contenu reste ce qui prime pour séduire et convaincre les lecteurs numériques. Sur ce point, les pure players peuvent être défavorisés, à cause d’effectifs plus restreints par exemple.


* L’étude One d’Audipresse concerne la population française de plus de 15 ans.

** Possesseurs à la fois d’un ordinateur, d’une tablette et d’un smartphone.